CIELT - Centre international d'études sur le linceul de Turin
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Le Codex de Pray

Désigné à l’aide du nom de son découvreur et daté approximativement des années 1192-1195, le codex de Pray est le plus précieux manuscrit de la bibliothèque nationale de Budapest. En réalité constitué de documents de plusieurs époques, il comporte une feuille de parchemin liée et ornée de miniatures dont le style, comme celui des lettres et des neumes qui les accompagnent, permet d’assurer qu’elles sont antérieures à 1150 et datent donc d’une époque où des liens amicaux ont uni la Hongrie à l’Empire byzantin. L’intérêt majeur de ces miniatures réside dans le fait qu’elles représentent des détails qui n’ont pu être inspirés que par la vue de l’actuel Linceul de Turin, alors conservé à Constantinople, et donc qu’elles jettent un pont entre le début du XIIe et la fin du XXe siècle.

La dernière des quatre miniatures représente le Christ en gloire. La plaie de la main gauche est située dans la paume selon la tradition iconographique. Mais celle de la main droite, la seule visible dans l’image du Linceul (c’est en fait la gauche, inversée sur le tissu par effet de miroir), se trouve dans le poignet comme sur le Linceul.

La première miniature montre la descente de croix. Les mains des personnages sont finement dessinées. Or la main droite du Christ montre, et elle seule, le pouce déporté au milieu de la paume, replié comme dans l’image du Linceul.

La seconde miniature est consacrée à l’onction du corps (cf. la partie supérieure de l’image ci-dessus). On y note plusieurs caractéristiques de l’image du Linceul : la nudité, les mains croisées, l’absence de pouces, le dessus des pieds à peine esquissé. Une fresque française du XIIe siècle, à Berzé-la-Ville (Saône-et-Loire), attribue les mêmes particularités à l’image d’un saint, sans doute d’après un modèle pris au Linceul et exporté par les bénédictins.

Enfin, dans la troisième miniature, les saintes femmes arrivent au tombeau vide (cf. la partie inférieure de l’image ci-dessus). On voit le Linceul reconnaissable à une très grossière imitation, en forme de zigzags, des chevrons du tissu. On aperçoit sur ce tissu quatre petits ronds rangés en L. Or ces ronds figurent, exactement disposés de la sorte, en quatre endroits du Linceul de Turin. Il s’agit de brûlures produites à une époque inconnue, probablement par la chute de grains d’encens sur le linge plié en quatre. Avant que les péripéties de l’incendie de 1532 ne viennent les entourer de trous beaucoup plus importants, ces brûlures ont attiré l’attention. Sans doute les a-t-on prises pour des gouttes de sang car un dessin daté de 1516 (donc avant l’incendie), attribué, sans doute à tort, à Albert Dürer et conservé à Lierre en Belgique, les représente teintes en rouge.