CIELT - Centre international d'études sur le linceul de Turin
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Les Évangiles

Vendredi soir, début du sabbat. L’évangile selon saint Matthieu rapporte (27, 59-60) : « Joseph [d’Arimathie] prit le corps, l’enveloppa d’un linceul pur, et le déposa dans le sépulcre neuf qu’il avait fait tailler dans le roc pour lui-même. Puis, ayant roulé une grosse pierre à l’entrée du sépulcre, il s’en alla » . L’évangile selon saint Marc raconte (15, 46) : « Alors Joseph, ayant acheté un linceul, descendit Jésus, l’enveloppa du linceul et le déposa dans un sépulcre taillé dans le roc. Puis il roula une pierre contre l’entrée du sépulcre » . Et de son côté, l’évangile selon saint Jean relate (19, 38-41) : « Après cela, Joseph d’Arimathie (…) enleva le corps. Nicodème (…) vint aussi, apportant un mélange de myrrhe et d’aloès, d’environ cent livres. Ils prirent donc le corps de Jésus et l’enveloppèrent dans des linges (en grec othonia, en latin linteis), avec les aromates, selon la manière d’ensevelir en usage chez les juifs » .

Dimanche matin. L’évangile selon saint Luc décrit (24, 12) : « Pierre se leva, courut au sépulcre et, s’étant penché, il vit les linges (en grec othonia, en latin linteamina) étendus là seuls » . On observe que saint Luc avait utilisé, lors de l’ensevelissement (23, 53), le mot « linceul » (en grec sindoni, en latin sindone). Il y a donc équivalence entre sindôn et othonia.

Le passage de saint Jean qui se trouve à l’origine de la confusion entre « linceul » et « suaire » (Jn 20, 6-7), est classiquement traduit : « Simon-Pierre (…) vit les linges (en grec othonia, en latin linteamina) là à plat, et le suaire (grec soudarion, latin sudarium) qui couvrait la tête de Jésus non pas à plat avec les linges, mais à part, roulé à un autre endroit ». Or le mot « linges » désigne certainement, on l’a vu, le linceul, et le suaire est un grand mouchoir utilisé comme mentonnière. Les spécialistes discutent le sens précis de plusieurs termes grecs de ce passage, mais il est certain que le texte ne comporte pas de mot pour signifier « dans un autre endroit » . Eis ena topon veut dire « dans un endroit », dans le sens d’endroit précis plutôt que d’endroit différent.

Différents chercheurs, parmi lesquels on peut citer les RR. PP. Lavergne et Feuillet, Bernard Ribay et Robert Babinet, s’accordent à peu près pour traduire ainsi ce texte : il « vit les linges [le linceul] gisant et le suaire [la mentonnière], non gisant avec les linges, mais distinctement enroulé à sa place ». Cela signifie que le linceul est retombé à plat et que la mentonnière est restée, roulée comme autour du visage et à sa place, entre les pans du linceul. Saint Jean voit donc que le corps a disparu sans avoir été retiré, ce qui s’accorde avec les constatations faites à propos du sang du Linceul. Et cela explique la suite de l’évangile : « et il vit, et il crut. Car Ils n’avaient pas encore compris l’Écriture, d’après laquelle il devait ressusciter d’entre les morts » (20, 8-9). La disposition du linge évoque donc clairement la Résurrection.