CIELT - Centre international d'études sur le linceul de Turin
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Brèves

Cette nouvelle rubrique du site Internet propose un compte-rendu des publications et des émissions récentes, renouant ainsi avec une pratique qui était celle, encore il y a peu de temps, de la Revue internationale du Linceul de Turin (RILT).
N.B. Les services de presse doivent être adressés au siège du CIELT, 2 rue de Noailles, 78000 Versailles.

Laurent BOUZOUD, Le clan des Achaïens et l’histoire du Linceul de Turin (1204-2020). Savoisy, Laurent Bouzoud auto-édition, 2020, 25 € (plus frais d’expédition ; distribué par Amazon).

Que le Linceul abrité aujourd’hui dans la chapelle Guarini du dôme de Turin soit le linge mortuaire qui enveloppa le corps ensanglanté de l’Homme-Dieu crucifié à Jérusalem se démontre par les savantes études scientifiques qui, depuis 1898 et surtout depuis 1902, accumulent, discipline après discipline, examen après examen, les indices convergents permettant de conclure à son authenticité. Mais le périple accompli par cette relique bientôt bimillénaire reste en partie inconnu. En particulier le « trou historique » entre sa présence attestée à Constantinople en 1204 et son apparition à Lirey, en Champagne, vers 1354, demande à être comblé. En 1902, le baron Joseph du Teil avait proposé une explication : Geoffroy de Charny, celui qui avait confié le Linceul aux chanoines de Lirey, était allié aux familles franco-grecques qui avaient gouverné, soit la principauté d’Achaïe (le Péloponnèse), soit le duché d’Athènes, à l’issue de la quatrième croisade, celle qui vit le sac de Constantinople par les croisés. Othon de La Roche, le premier duc d’Athènes, aurait alors été coupable du pieux larcin qui, en faisant passer la relique sous la protection des Francs, éviterait à terme sa destruction par Mahomet II lors de la prise de Constantinople en 1453.

Laurent Bouzoud, dont les racines familiales sont en Bourgogne et en Franche-Comté, reprend et affine cette thèse grâce à un travail d’archives considérable, scrutant notamment les arbres généalogiques des familles concernées : Charny, La Roche, Vergy, Brienne, Châtillon, Villehardouin, Villersexel, Toucy, etc. Au passage, nous découvrons ce royaume franc d’Achaïe, qui aurait duré bien plus d’un siècle sans une malencontreuse défaite en 1311 devant les soudards catalans auxquels le trop jeune et ambitieux duc d’Athènes, Gauthier de Brienne, avait cru bon de s’allier dans un premier temps. Il est impossible de narrer ici par le menu toutes les péripéties par lesquelles le Linceul dut être transmis entre Othon de La Roche et Geoffroy de Charny. La thèse dite du « clan des Achaïens » propose que tous les détenteurs de la précieuse relique furent de proches parents, ce qui permettait de conserver le secret.

Le travail de Laurent Bouzoud se lit comme un roman d’aventures, mais se consulte comme un traité d’histoire, fourmillant de notes et d’annexes savantes. La présentation permet d’ailleurs de bien distinguer au sein des pages : les faits de l’histoire générale (en noir), ce qui relève de l’hypothèse (en vert) et les données peu connues ou inédites en lien avec la thèse (en bleu). On découvre au passage l’importance attachée par les Francs à la détention des reliques, qui se vérifia lors du sac de Constantinople. Signalons aussi la richesse documentaire, pour nos historiens, des testaments que rédigeaient les principaux chefs avant les batailles cruciales, désignant soigneusement parmi leurs proches ceux auxquels ils confiaient leurs familles et leurs biens. On voit encore l’importance des femmes, notamment parce qu’elles détenaient des biens propres et des fiefs. C’est une femme, Jeanne de Châtillon, qui exfiltra le Linceul depuis Athènes, lorsqu’il fallut quitter la ville ; c’est encore une femme, Marguerite de Charny, qui décida de le confier à la puissante famille de Savoie après que les incursions anglaises revinrent menacer la Champagne. Bien entendu, le livre est doté d’un appareil critique complet. Au passage, il démonte certaines hypothèses aventureuses telles que les Templiers et le passage du Linceul par la Sainte-Chapelle ou par Besançon.

On pourra aussi écouter Laurent Bouzoud qui a été reçu pour ce livre, le 13 octobre 2024, par Dominique Tassot sur Radio Courtoisie dans le cadre du Libre journal de lumière de l’espérance .

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Nicolas SARZEAUD. Les Suaires du Christ en Occident. Paris, Le Cerf, 2024, 25 €.
Voici un nouveau livre tout à fait surprenant ! Nicolas Sarzeaud, docteur en histoire médiévale, enseignant à l’université de Lorraine, nous offre ici un condensé de sa thèse de doctorat consacrée aux « suaires » et dont le titre est déjà tout un programme : Copie et culte. Le Suaire du Christ, une image-relique reproductible (XIVe-XVIe s.), thèse soutenue à Paris à l’EHESS le 25 novembre 2021.
Dès le début nous sommes prévenus : si le Suaire de Turin a suscité « un flot ininterrompu d’ouvrages, presque aucune étude académique (sic) n’avait été consacrée à la dévotion aux suaires ». Une telle « lacune » semble donc comblée grâce à Sarzeaud. À la suite de plusieurs historiens, il va appliquer au Suaire de Turin, nous dit-il, les mêmes outils que ceux utilisés pour les autres objets anciens par l’histoire de l’art, l’histoire sociale ou politique et c’est dans ce « même esprit » qu’il mène « l’enquête sur cette catégorie de relique ».
Son étude, très approfondie, nous apprend une foule de détails sur ces suaires ou fragments de suaires qu’on retrouve d’un bout à l’autre de la Chrétienté médiévale à partir du IXe siècle, puisqu’il n’en trouve pas de trace avant. Il est vrai qu’on ne disposait pas encore d’une étude d’ensemble sur ce sujet mais simplement de monographies plus ou moins anciennes, inégales voire légendaires.

Dans la première partie de l’ouvrage, Sarzeaud, dont l’érudition est impressionnante (l’ouvrage comporte un corpus de 47 pages de notes) nous dit tout sur les suaires de Compiègne, Cadouin, Besançon, Cahors, Oviedo, Manopello, etc. ; il en compte une centaine et, comme Calvin dans son Traité des reliques, il voit dans cette multiplicité de reliques la preuve qu’aucune n’est authentique : « il y a beaucoup trop de saints et beaucoup trop de suaires, beaucoup trop de miracles allégués pour que le moindre d’entre eux soit vrai » (jugement franchement hâtif et pas digne d’un scientifique). Beaucoup sont effectivement présentés comme ayant enveloppé le corps du Christ après la crucifixion ; l’évangile de saint Jean parle des linges en deux endroits différents du Sépulcre. La question de l’authenticité n’étant pas la préoccupation majeure des Chrétiens du Moyen Âge, il est évident que beaucoup firent preuve de la plus grande naïveté, on le concède facilement. Mais on a du mal à comprendre à notre époque matérialiste et apostate la foi profonde de ces gens qui vivaient constamment en présence du surnaturel. Des enjeux politiques et financiers mettaient aux prises les autorités civiles et ecclésiastiques de ces villes dont la renommée et la richesse venaient principalement de leurs reliques.
Sarzeaud, qui n’a aucune empathie pour ces « dévots » superstitieux sur lesquels il enquête, porte des jugements tout à fait anachroniques, ce qui est regrettable pour un historien « académique ». Il fait par exemple un parallèle entre le développement de la croyance en la présence réelle dans l’eucharistie et celui de la foi en l’authenticité des suaires du Christ ; or, si la présence réelle est un dogme de l’Église fondé sur l’Évangile, la question de l’authenticité des reliques ou des suaires ne se posait pratiquement pas dans cette société chrétienne et ce, malgré les mises en garde du concile de Trente contre les abus. Comme le Christ est présent tout entier dans la moindre parcelle d’hostie consacrée, de même chaque fragment détaché du Suaire avait la même valeur que le Suaire tout entier et la dévotion qui lui était due n’était pas proportionnelle à sa taille. On sait qu’après la croisade de 1204 et l’afflux de reliques en Occident, de nombreux princes comme saint Louis ont aussi distribué des parcelles de reliques ou de suaires à leur entourage. De même encore, toute copie du Suaire ayant touché l’original est considérée comme objet de dévotion et presque comme un autre Suaire. Il y eut donc multiplication des suaires et ceci n’a rien de choquant au regard de la foi, l’objet matériel n’étant qu’un support qui aide la prière à s’élever vers le ciel. Dans cette perspective, la présence de plusieurs suaires « concurrents » ne crée pas un problème insoluble, les papes pouvant en promouvoir en même temps plusieurs. Saint François de Sales assista à l’ostension du suaire de Besançon en 1609 et à celle du suaire de Turin en 1613, ce qui peut nous étonner mais qui est conforme à l’esprit de l’époque qui ne connaissait pas encore la méthode historico-critique.

Dans une deuxième partie, c’est au Linceul de Turin, évoqué brièvement dans le catalogue de la première partie comme un suaire parmi d’autres, que notre auteur s’attaque. Toutes les spécificités de cet objet archéologique unique sont gommées par des comparaisons avec des multitudes d’images ou de suaires qui ont pour but de faire disparaître ce qui ne se retrouve nulle part ailleurs.
Ainsi, la représentation du sang coulant sur le corps du Christ devient omniprésente aux XIIIe et XIVe siècles, des spécialistes de l’iconographie du Christ remarquent la proximité de cette image avec la « tendance à monumentaliser le corps » ; « les sépulcres de la Maigrauge ou de Wienhausen présentent des dégoulinures de sang proches de ce que l’on retrouve dans le Suaire ».
« Du point de vue iconographique le Linceul présente de multiples critères de datation du XIVe siècle. » Mais « le Suaire présente de vraies audaces iconographiques comme la représentation du dos du Christ et ses fesses nues (…) ce détail ne se retrouve à la même époque que sur quelques images de la flagellation (…) qui circulent dans les milieux franciscains au XIVe siècle. » Il n’y a donc rien d’exceptionnel. Notre auteur ajoute encore : « une autre spécificité de l’image tient à son esthétique d’empreinte monochrome dont les modulations traduisent le relief d’un corps ». Là encore, c’est toujours Sarzeaud qui parle, « il ne s’agit pas d’une innovation et une ancienne tradition décrit des saintes traces laissées par le Christ dans les linges ». Il souligne enfin « la richesse d’une culture du vestigium, l’empreinte, un type d’image produit par le contact d’une matrice ».
Il essaie de tout expliquer. Le caractère flou de l’image ? « Les peintres latins cherchent dans la seconde moitié du XIVe siècle (comme par hasard) à rendre au visage du Christ son aspect de silhouette vaporeuse. »  « Le passage de la couleur au noir et blanc est amorcé dès le XIVe siècle (…) la grisaille est associée à des images anciennes et orientales qui les dotent d’une autorité dévotionnelle particulière. Le suaire de Lirey participe de ce courant de représentation qui travaille dans le sens d’une image moins vivante que polychrome mais plus vraie. » En conclusion, tous ces aspects « tiennent à la technique de création de l’objet, encore débattue (…), la technique utilisée à Lirey reste un ingénieux hapax ».
Sarzeaud s’intéresse ensuite à « l’expérience de matérialisme mystique » connue par les Clarisses lors de l’incendie de 1532 : « l’image matérielle porte aux dévots une présence surmatérielle » ; le mot « surnaturel » est trop simple, il faut toujours employer un jargon parfois inénarrable !
Chose ahurissante, le volet médical est quasiment passé sous silence ; il note simplement la représentation des clous dans les poignets et passe rapidement sur les « aberrations anatomiques de l’image » sans aucune précision. Il n’a pas dû lire le Docteur Barbet bien qu’il le cite et n’a pas non plus connaissance des descriptions données par le Docteur Boxho, médecin légiste spécialiste du Suaire.
Le summum de la désinformation est atteint avec la photographie de Pia en 1898. Cette photo a révélé au monde que l’image du Linceul était un négatif photographique faisant apparaître une multitude de détails invisibles à l’œil nu sur le Suaire. Après avoir signalé l’événement, Sarzeaud nous dit : « en captant le visage du Christ, c’est bien une sainte Face photographique que Pia a produite. » Et il poursuit avec une autre photo du visage du Christ prise en 1849 « et qui apparaît dans les compositions pieuses de Thérèse de l’Enfant Jésus. La ressemblance avec le cadrage du Suaire par Pia est frappante : le photographe a saisi un visage qui travaillait la culture visuelle chrétienne depuis plusieurs siècles. » « Le contexte est porteur (…), bien des empreintes du passé peuvent ressurgir dans la chambre noire. »

Dans la dernière partie de son livre, Sarzeaud prend à partie la sindonologie « qui invente un champ disciplinaire à part, la science du linceul (…) pour pallier le défaut de légitimité scientifique ». Les sindonologues sont le plus souvent ceux « qui n’ont pas de qualifications académiques claires ». Il est surprenant de voir que notre auteur ignore les noms parfois prestigieux d’hommes bardés de diplômes qui, depuis des dizaines d’années, travaillent sur le Saint Suaire. Nous renvoyons le lecteur au rapport de six scientifiques internationaux de renom sur la datation au C14 publiée dans la revue du CIELT de décembre 2023, rapport qui éclaire d’un jour nouveau la datation de 1988.
Si « aucun autre objet historique n’a donné lieu à la création d’une science à part », notre auteur semble oublier qu’aucun autre objet archéologique au monde n’a fait l’objet d’autant d’études, de publications, de conférences, de congrès, etc. Pourtant, dans les 47 pages de notes du présent livre n’apparaissent pratiquement que des études sans rapport direct avec le Saint Suaire et pratiquement pas de travaux favorables à son authenticité.

En bref, au-delà de sa méthode historique et scientifique parfaitement maitrisée, l’auteur n’est nullement objectif, et c’est très regrettable. Certes, chacun est libre de réfuter ou pas l’authenticité du Linceul de Turin, mais ici l’auteur nous fait bien sentir son opinion volontairement défavorable de A à Z. Dans ses 30 pages de bibliographie et 47 pages de notes, il ne cite aucun ouvrage fondamental sur la recherche scientifique la plus sérieuse et la plus honnête sur le Linceul. Or, il est impossible que l’auteur, extrêmement érudit par ailleurs, ignore ces études.
Ce livre, en fait très orienté, peut donc gravement induire en erreur le néophyte.

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Bertrand LABOUCHE. Le Linceul de Turin. Enquête sur une énigme. Préface de Dominique Tassot. Lanildut, Géorama, 2023, 12 €.
Voici, paru au 4e trimestre 2023, un petit ouvrage structuré très logiquement en plusieurs parties bien articulées :
– Le Christ a-t-il été enveloppé dans un linceul ?
– L’histoire du linceul.
– Ce linceul est-il contemporain du Christ ?
– Ce linceul pourrait-il être celui du Christ ?
– Le linceul de Turin face au carbone 14.
– L’image du linceul.
Préfacé par Dominique Tassot, l’un des fondateurs du CIELT, il a été conçu par l’abbé Bertrand Labouche.
Clair, abordable, dans un style simple, le texte est abondamment illustré de clichés, dont ceux de Thierry Castex, membre du conseil scientifique du CIELT, de croquis, cartes ou plans.
C’est un bon résumé des recherches scripturaires, historiques, iconographiques et scientifiques.
À noter plus particulièrement :
– une remise en cause de la radio datation de 1988, rédigée de façon très compréhensible ;
– l’évocation d’une nouvelle technique de datation par rayons X mise au point en 2020 par l’Institut de cristallographie de Bari (Italie) ;
– et un cliché peu connu de la silhouette, dans le béton d’Hiroshima, d’une personne désintégrée lors de l’explosion (phénomène de « photolyse éclair » que d’aucuns avaient, à tort, rapproché du « flash » de la Résurrection).

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Laurent REBEILLARD, Histoire de la Sainte Face de Jésus-Christ. Saint-Germain d’Esteuil, éditions de la Sainte Face, novembre 2023, 17 €.
L’auteur nous propose un petit ouvrage sur quatre tissus, tous conservés en Italie et portant ou ayant porté l’image de la Sainte Face de Jésus. Le livre a été présenté sur Radio Courtoisie dans le Libre journal de lumière de l’espérance de Dominique Tassot : Les images acheiropoïètes dans l’histoire chrétienne (10 décembre 2023).
Les quatre tissus sont le Santo Volto ou mandylion de Gênes, le voile de Véronique conservé à Saint-Pierre de Rome, le Linceul de Turin et le voile de Manopello. L’ouvrage décrit les linges et évoque leur histoire à travers de nombreux textes et légendes ; il fait la part belle aux écrits d’Anne-Catherine Emerich (béatifiée par l’Église, qui n’a cependant pas reconnu les notes de l’écrivain Brentano comme des écrits de la bienheureuse) ; il évoque sœur Marie de Saint-Pierre, Léon Papin-Dupont, sainte Thérèse et sa sœur Céline.
On n’y trouvera pas l’état des recherches scientifiques, non plus que des références précises des textes cités, souvent apocryphes : un ouvrage pour ceux qui cherchent la Sainte Face de Jésus.

Le Saint Suaire par Franck FERRAND. Radio-classique, 3 avril 2024.
Vous vous intéressez au Linceul de Turin sans trop bien connaître le sujet ? et vous aimez les histoires ? surtout lorsque le conteur a un talent certain ? Alors ce podcast d’une vingtaine de minutes que Franck Ferrand consacre, en ce mercredi de Pâques 2024, au Saint Suaire est pour vous ! Même si tout ce qu’il raconte, très largement appuyé sur l’ouvrage de Jean-Christian Petitfils, et certaines de ses hypothèses, n’est pas forcément prouvé  !
Vous allez revivre la découverte extraordinaire en 1898, par Secundo Pia, d’une image sur le Linceul, alors exposé à Turin ; les tribulations possibles de la « relique » de Jérusalem à Turin en passant par Constantinople, Paris (ce qui n’est absolument pas validé ! ), Lirey et Chambéry ; les clichés de 1931, les recherches du Dr Barbet, la commission d’experts de 1969, les travaux de Max Frei sur les pollens en 1973 puis ceux du STuRP en 1978 ; et le coup de tonnerre du carbone 14 en 1988 qui conclut que le Linceul est médiéval.
Vous poursuivrez avec le symposium de Rome (dont Franck Ferrand aurait pu dire qu’il a été organisé par le CIELT) qui relève 15 anomalies dans les tests des laboratoires ; la détermination ultérieure d’un groupe sanguin, identique à ceux du suaire d’Oviedo et de la tunique d’Argenteuil ; et surtout les récents essais de datation : 2013, par une équipe pluridisciplinaire de l’université de Padoue qui date le Linceul de 250 ans autour de la mort du Christ et 2022, par des chercheurs italiens, utilisant les rayons X, qui le datent du Ier siècle de notre ère.
La conclusion vous fera entrevoir la poursuite des ostensions régulières… ainsi que les divergences des experts contemporains sur l’authenticité du Suaire.
Après l’écoute de ce podcast, dont on peut regretter qu’il ne mentionne jamais ni le Centro Internazionale di Studi sulla Sindone de Turin, ni le CIELT, et si vous souhaitez approfondir certains points, n’hésitez surtout pas à visionner ici la conférence de notre président, Laurent Touchagues !

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The shroud : face to face. Documentaire de Robert ORLANDO. Redeem TV, 28 mars 2024.
Annoncé depuis plusieurs mois, le documentaire The shroud : face to face est sorti le Jeudi saint 28 mars 2024 sur Redeem TV, une plateforme de streaming chrétienne gratuite, où vous pouvez le visionner en anglais, avec sous-titres. Il est le complément du livre éponyme publié en 2023 aux États-Unis par Sophia Institute Press.
Ce film est en fait le cheminement personnel du cinéaste américain Robert Orlando, depuis la mort de son père, dans un face à face avec Jésus, sur l’image du Linceul de Turin : une enquête sur une scène de crime et une quête de réponses aux grandes questions existentielles.
On voit le réalisateur circuler au volant de sa voiture, se rendre en avion à l’étranger : Jérusalem, Turin, Rome, etc. Il collationne images d’archives et séquences de films. Il interroge des spécialistes du Saint Suaire, défavorables ou favorables à son authenticité (Dale Allison, Bruno Barberis, Craig Evans, Mark Goodacre, Gary Habermas, Emanuela Marinelli, Fr. Robert Spitzer etc.) dont les interviews, nombreux, constituent une partie du film. Il porte la croix sur la via dolorosa jusqu’à l’église du Saint-Sépulcre où l’attend Fr. Andrew Dalton, qui l’a accompagné dans sa quête, tout au long du documentaire.
Si vous attendiez un documentaire, historique ou scientifique, conçu de façon pédagogique, alors visionnez plutôt autre chose. C’est ici le récit d’un itinéraire personnel, sans nouvel apport à la connaissance du Saint Suaire. Mais c’est un témoignage de l’extraordinaire pouvoir de fascination du Linceul !

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Le Linceul de Turin. Documentaire sur l’un des plus grands mystères de l’histoire réalisé par Emmanuel ACKER, production Enquête de Foi, mars 2024.
Le 29 mars 2024, soit Vendredi saint dernier, un documentaire est mis en ligne sur Youtube dans la série Enquête de Foi. D’emblée il s’annonce comme produit avec l’association Montre Nous Ton Visage (MNTV) : de fait son président, Louis Cador, est interviewé à plusieurs reprises ; et les documents historiques ont été rassemblés par Laurent Bouzoud. Mais des membres du conseil scientifique du CIELT, Thierry Castex et Tristan Casabianca, sont également interviewés.
Le documentaire explore les aspects scientifiques et historiques du Linceul : Secundo Pia et la découverte du négatif, ce qui s’est passé en l’an 33, la datation au carbone 14, la nouvelle datation aux rayons X ( WAXS) de 2022, les découvertes du STuRP en 1978, le sang du Linceul (Louis Cador expose ce qu’il a écrit dans le dernier numéro des Cahiers sur le Linceul de Turin, décembre 2023), l’impossibilité d’une image peinte, l’iconographie pré-médiévale, le lin, la conformité avec les évangiles, les clous dans les poignets, une image en 3D. S’agissant d’une série chrétienne, le documentaire se termine par le témoignage de Foi de Béatrice Guespereau, de MNTV.
Documents d’archives et illustrations soutiennent agréablement le texte. Les commentaires s’adressent à tous ceux qui connaissent déjà un peu le Linceul (en effet il n’y a pas de description générale) et ont entendu parler du carbone 14, de la tridimensionnalité ou d’analyses récentes, mais nul besoin, cependant, d’être un scientifique chevronné pour le regarder. Au fur et à mesure du visionnage, les arguments avancés rendent un peu plus improbable l’existence d’un faussaire qui aurait été un « visionnaire d’exception » !
Une réalisation récente à regarder et à diffuser à tous les curieux du Linceul !

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Ce médecin légiste a réalisé l’autopsie du Christ à partir du Saint Suaire : entretien avec Philippe BOXHO, médecin légiste. Famille chrétienne, mars 2024.
Voici, destiné au grand public, un témoignage de poids dans le débat sur l’authenticité du Linceul de Turin. Le Dr Philippe Boxho, médecin légiste qui a autopsié plus de 4 000 cadavres, donne, en une vingtaine de minutes, une véritable autopsie du corps visible sur le Linceul. S’il s’appuie sur les travaux du Dr Pierre Barbet, on peut regretter cependant qu’il n’évoque pas ceux du Dr Pierre Mérat ou ceux, plus récents et beaucoup plus détaillés, d’un autre médecin légiste, le Dr Alfonso Sanchez Hermosilla (voir L’Homme du linceul : homme de douleurs dans la Revue internationale du Linceul de Turin, n° 43, décembre 2022). Beaucoup d’éléments qu’il donne sont déjà connus, mais les non-spécialistes apprécieront la précision d’une description clinique qui correspond, par ailleurs, exactement au récit de la Passion de l’évangile selon saint Jean.
Le stress physiologique engendré par la flagellation se lit sur le Linceul ; le Dr Boxho a compté 120 coups de fouet donnés par 2 soldats de taille différente, qui ont entraîné une perte abondante de sang mais pas autant, dit-il, que le montre Mel Gibson dans son film. S’il ne voit pas les traces de la suée de sang (sans être cependant formel), il évoque bien les cheveux baignés du sang qui a coulé depuis le crâne blessé par la couronne d’épines.
La très forte constitution du Christ, sa masse musculaire importante expliquent sa survie après la flagellation mais le parcours jusqu’au Golgotha en portant un patibulum de 40 à 50 kg n’a pas pu dépasser une centaine de mètres : la via dolorosa que l’on présente à Jérusalem est « une invention du Moyen Âge ».
Confirmant les travaux du Dr Barbet, le Dr Boxho démontre que toutes les expériences faites sur des cadavres prouvent, comme on le voit sur le Linceul, que la crucifixion était faite dans les poignets, dans cet espace (appelé de Destot) connu de tous les bourreaux romains, et non dans les paumes qui se déchirent. Évoquant les crucifix de toutes les églises qui présentent des clous dans les paumes, il dit avec pertinence : « le Linceul contourne toutes les erreurs que l’histoire a faites sur la mort du Christ ».
Enfin, c’est sur les circonstances physiologiques de la mort du Christ que l’entretien est le plus intéressant. La mort est causée par une « asphyxie posturale », due à la façon de se tenir sur la croix ; le taux d’oxygène qui rentre, avec une respiration de plus en plus difficile, va se réduire et comme, à l’inverse, peu de CO2 ressort, le sang devient acide et c’est d’une acidose respiratoire que le sujet meurt. Le corps est figé avec la tête bien dans l’axe et, là encore, la tête penchée de la plupart des crucifix est impossible.
Saint Jean, nous dit notre médecin légiste, nous donne un détail scientifique qui prouve sa présence à la crucifixion. Voyant que le Christ est déjà mort, le soldat romain perce le flanc de Jésus d’un coup de lance et, de son côté, sortent du sang et de l’eau. Le poumon du Christ est contusionné par tous les coups reçus à travers la paroi du thorax, ce qui entraîne une coulée de plasma, le Dr Boxho le constate régulièrement en autopsie. Quand le soldat plante sa lance, elle va traverser le champ pulmonaire et toucher le cœur droit où se trouve le sang veineux qui s’écoule ; c’est une observation strictement scientifique de saint Jean « et c’est ce qu’on trouve sur le Linceul de Turin ».
Le Dr Boxho nous donne de nombreuses autres explications toujours intéressantes. Mais s’il ne dit jamais que c’est le Christ lui-même que l’on peut voir sur le Linceul de Turin, en bon scientifique, il nous montre que cette mystérieuse image correspond parfaitement pour un médecin légiste à tout ce que nous en disent les évangiles.

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Le suaire de Turin est un faux du Moyen Âge. Démonstration ! par ZODIAC ; avec la participation d’Andrea Nicolotti et de Nicolas Sarzeaud. Agoravox, 18 décembre 2023.
Un documentaire pour démontrer que le Linceul est bien un faux et critiquer, en les ridiculisant, tous ceux qui continuent les recherches après la radio-datation de 1988.
Beaucoup de recherches, des images d’archives (depuis la bulle d’indulgence jusqu’aux clichés récents de Thierry Castex en passant par des photos, reportages et interviews de scientifiques divers) mais aussi des images qui nuisent à une qualité scientifique (extraits des Visiteurs ou de films d’aventure). Un montage qui vise régulièrement à ridiculiser les partisans de l’authenticité (voix déformées, flashes qui se veulent humoristiques) ; à les épingler avec des accusations politiques ou religieuses (« intégristes », « antivax ») ; à les démolir : « des branquignols qui trimbalent 10 000 casseroles » ; le tout débité à toute vitesse, dans un français souvent vulgaire.
Une critique de la sindonologie, science créée spécialement pour l’étude du Linceul et qui ne regrouperait que des croyants partisans de l’authenticité ; une critique de méthodes qui ne seraient créées que pour le Linceul, afin d’arriver au résultat souhaité, au lieu de recourir aux procédés scientifiques courants : ce que Nicolas Sarzeaud appelle « le logiciel de la méthode inventée ».
Le montage fait la part belle aux opposants de l’authenticité : Ulysse Chevalier, Jacques Evin, Walter Mc Crone, Andrea Nicolotti et Nicolas Sarzeaud.
On y prétend qu’il serait possible avec les techniques actuelles de reproduire à l’identique le Linceul, d’ailleurs cela a déjà été fait et « c’est ressemblant » (ah bon ?) ; quoique plus loin il est dit que si on veut une copie 100% parfaite « c’est impossible », mais que cela ne fait pas de l’original quelque chose d’impossible à répliquer.
Les analyses du STuRP sont critiquées : le laboratoire aurait « bidouillé » son dateur via un volontaire de la corpulence semblable à l’homme du Suaire en injectant artificiellement des informations en 3D qui n’étaient pas présentes sur le Suaire.
Le protocole carbone 14 était rigoureux (plus loin il est cependant dit qu’il y avait tellement d’intermédiaires travaillant depuis des années, que le protocole ne pouvait pas être respecté à la lettre) ; un seul laboratoire aurait d’ailleurs suffi ; le manque d’homogénéité des trois laboratoires n’est pas fondamentalement incriminant, ni une plage de 130 ans impossible.
Il n’y a pas de sang sur le Linceul et d’ailleurs le sang devrait être noir, pas rouge (sauf que la présence de bilirubine explique la coloration rose-carmin) ; on pouvait enclouer dans les paumes (ce n’est pas ce que les expériences du Dr Barbet et de ses successeurs démontrent).
Un documentaire à voir pour connaître les arguments actuels contre l’authenticité du Linceul, mais dont la qualité scientifique est dépréciée par la façon dont il est mis en forme !

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Le Linceul de Turin : témoin de la Résurrection. CNews, En quête d’esprit, 9 avril 2023.
En ce jour de Pâques, Aymeric Pourbaix a invité deux membres du conseil scientifique du CIELT, Dominique Tassot, l’un des co-fondateurs du CIELT, et Thierry Castex, pour faire le point.