CIELT - Centre international d'études sur le linceul de Turin
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Une peinture ?

Le plus simple, pour nier l’authenticité du Linceul, serait de démontrer que son image est le fruit de l’industrie humaine. Et la plus simple des méthodes artificielles serait la réalisation d’une peinture. Pierre d’Arcis au XIVe siècle et Calvin au XVIe ont donc affirmé, sans chercher de complication, que le Saint Suaire est l’œuvre d’un peintre. Ces précurseurs continuent à faire école. On a même fait appel récemment à l’illustre pinceau de Léonard de Vinci. Ce dernier aurait été bien précoce puisqu’il a un an lorsque la famille de Savoie prend possession du Linceul déjà porteur de l’image, comme le montre le méreau de Lirey.

En 1980, Walter Mc Crone, un chimiste américain célèbre pour avoir voulu dater du XXe siècle une carte du Vinland du XVe, soutient que l’on a peint l’image avec les doigts en utilisant un mélange de gélatine, de vermillon et d’oxyde de fer. Il y a en effet sur le tissu quelques fragments de cristaux de cinabre et des traces d’oxyde de fer venant de l’hémoglobine du sang, le tout en beaucoup trop faibles quantités et réparti sans rapport avec le dessin. La théorie de Mc Crone, qui parle aussi « d’eau de rouille », a été reprise par David Sox en 1988.

Or, il est certain que l’image du Linceul ne peut pas être une peinture, notamment pour les raisons suivantes :

  • l’image est si floue qu’on ne la distingue qu’à plus de deux mètres de distance ; on imagine mal un peintre maniant un pinceau (ou les doigts !) de plus de deux mètres de long ;
  • l’image n’a aucun contour : elle se perd dans le tissu et on ne peut même la copier ; on le constate sur les prétendues copies ;
  • pourquoi et comment aurait-on peint cette image en négatif ? on a évoqué la possibilité d’une image initialement positive virant avec le temps au négatif ; on a, à l’appui, cité le cas de fresques anciennes, notamment celles de l’église supérieure d’Assise, où le blanc est devenu noir. Mais, outre le fait que l’image du Linceul est jaune et non noire, seul, dans les fresques, le blanc s’est inversé et il l’a fait parce que la peinture avait une base de plomb (la céruse, noircie par les vapeurs sulfureuses) dont on ne trouve aucune trace sur le tissu du Saint Suaire ;
  • que l’on utilise le pinceau ou les doigts, la peinture se travaille toujours dans une ou plusieurs directions (ne serait-ce qu’en raison des articulations du bras) ; or, les ordinateurs ne décèlent aucune direction en analysant l’image du Linceul ; de plus, le microscope ne révèle aucune trace d’instrument ;
  • la peinture n’aurait pas résisté à l’incendie de 1532 ; or l’image n’a été altérée en aucun endroit ni par la chaleur du feu, ni par l’eau dont les cernes nous gardent le souvenir ;
  • enfin, il n’existe sur le tissu (en-dehors de la dizaine de grains de poussière de vermillon) aucune trace ni de peinture, ni de pigments ni d’aucun colorant quelconque.